LA  NAVETTE  SPATIALE

Un monstre hybride : tantôt fusée, tantôt satellite, tantôt avion !
Une sorte de gros avion cargo à aile delta long de 37,23 m et de 23,8 m d'envergure.
Pour décoller (à la verticale !), on m'accroche sur le dos d'un énorme réservoir de carburant (47 m de long, 8,40 mde diamètre), rempli de 550 m3 d'oxygène liquide à -220 °C et de 1 520 m3 d'hydrogène liquide à - 253 °C ! Le mélange sous pression va brûler à plus de 3 300 °C dans mes 3 tuyères en fabriquant de la vapeur d'eau !
(Pour mémoire : le fer fond à 1 500 °C et bout à 2 750 °C)

Il me faut encore l'assistance de deux fusées auxiliaires (45 m de long, 3,90 m de diamètre) qui brûlent devinez quoi ? de la poudre d'aluminium !
Nota : mes deux moteurs de manoeuvre en orbite fonctionnent au monométhyle hydrazine et au peroxyde d'azote contenus dans deux réservoirs internes de 7 000 litres : ils ne servent pas au décollage.

La longueur totale de l'ensemble est de 56,40  m.

Ca y est : les 8 boulons qui me retenaient à la rampe de lancement ont sauté et c'est parti ! Dans un tonnerre de feu et de vapeur d'eau, sous les 4 000 tonnes de poussée de mes moteurs, mes 2 000 tonnes quittent le sol !
Après deux minutes, à raison de 9 tonnes de poudre par seconde, mes deux fusées auxiliaires ont épuisé leur 1 000 tonnes de combustible et sont éjectées : elles seront récupérées dans l'océan, nettoyées, rechargées et réutilisées !
Encore 6 minutes et demie et c'est au tour du réservoir principal d'être vide et éjecté : lui sera perdu !
Je viens de m'alléger de quelque 1 600 tonnes !
Et me voici déjà à 110 km d'altitude à la vitesse de 28 000 km/h.
Deux petites poussées de mes deux moteurs de manoeuvre et me voilà sur une orbite quasi circulaire ! Quel calme ! Tous moteurs éteints, à quelque 200 km d'altitude et quelque 28 000 km/h, je "tombe" en permanence autour de la terre. Je peux m'orienter dans tous les sens en combinant l'action de mes 44 moteurs-fusées de contrôle d'attitude.

Ma cabine pressurisée est normalement prévue pour un équipage de 3 à 7 cosmonautes (et jusqu'à 10 en cas d'urgence) pour des vols de 5 à 16 jours.
Je peux transporter plus de 28 tonnes de charge utile. Ma soute fait 18 m de long et 4,5 m de diamètre. Mon bras-robot télescopique est bien pratique. Récemment (mission STS-98 du 7 au 26 février 2001) il m'a servi à sortir les 16 tonnes du laboratoire "Destiny" et à le fixer à la Station Spatiale

Mais je bavarde, je bavarde ! Ma mission se temine : il faut songer à redescendre
Il faut d'abord me "désorbiter". Pour cela, j'effectue un tête à queue pour présenter mon arrière face à la marche. Au top, j'allume une nouvelle fois mes deux réacteurs de manoeuvre pour réduire ma vitesse de quelque 330 km/h, puis nouveau tête à queue pour revenir dans le sens de la marche. Cette fois je n'ai plus le choix : je pique du nez vers la terre que j'atteindrai dans une heure environ et je n'ai plus de moteur ! Je fais entièrement confiance aux contrôleurs au sol qui vont me guider quelque part vers une piste dégagée, en Floride, en Californie voire même à Istres, en France, en cas d'urgence.

Maintenant il faut à tout prix que je réduise ma vitesse (je suis encore à plus de 27 000 km/h !). Vers les 100 km d'altitude mes commandes aérodynamiques commencent à devenir efficaces et le frottement de l'air se charge de me ralentir (et de m'échauffer jusqu'à en devenir brûlant !) . Je deviens subsonique vers les 15 000 m et je ne suis plus qu'à 40 km de la piste (entre-nous je peux bien vous le dire : je plane un peu comme un fer à repasser ! Je perds 3 000 m /min, soit 20 fois plus qu'un avion de ligne !)

Ouf ! Ca y est ! Ma vitesse est stabilisée à 340 km/h (deux fois plus rapide qu'un avion de ligne) et la piste est juste devant moi. Attention, je n'ai droit qu'à un seul essai ! Je sors mes roues quelques secondes avant l'impact. Il reste à m'arrêter : je pèse encore plus de 100 tonnes mais j'ai de bons freins et aussi un grand parachute de queue.

Dans tous les domaines (transmissions, navigation, pilotage, automatismes, motorisation) mes systèmes sont les plus sophistiqués jamais intallés. Plus de deux millions de pièces, 370 km de fils, 1 400 disjoncteurs, 1 000 valves et raccords de canalisation.
Tout va être entièrement vérifié, révisé, au besoin remplacé, amélioré : d'ici deux mois je serai parée pour une nouvelle mission dans l'espace.

Après les tragiques accidents de Challenger qui a explosé en vol le 28 janvier 1986, 73 sec. après le décollage, entraînant la mort des 7 membres de l'équipage puis de Columbia, désintégré le 1er février 2003 lors de sa rentrée dans l'atmosphère au retour de son 28 ème vol (mission TS 107) avec lui aussi 7 astronautes, il ne reste plus que trois "orbiters" : Discovery, Atlantis et Endeavour...
Après deux ans de travaux, un  nouveau vol de Discovery en  juillet  2005  a encore montré des insuffisances : le prochain vol (vers l'ISS) n'est par attendu avant  juillet 2006... Ce sera le 32ème vol de DISCOVERY et le 115ème vol des navettes spatiales...

Ils étaient prévus pour pouvoir effectuer 100 missions : moins du quart du total a été effectué à ce jour.

Impossible de tout dire en une page : j'ai dû parfois simplifier...
Vous aimeriez en savoir plus ?

Si vous lisez l'anglais :
http://spaceflight.nasa.gov/realdata/ : onglet SHUTTLE (mais aussi beaucoup d'autres choses !)
Si vous lisez le français ;-)
http://www.cam.org/~lafleur/ : "Les Dossiers Espace de Claude Lafleur" : passionnant ! Plusieurs de mes images en sont extraits.
http://www.sciencepresse.qc.ca/clafleur/Shuttle.html  : résumé de toutes les missions "shuttle" de 1981 à sept. 2000
Voir aussi le très détaillé rapport de la commission d'enquête sur l'accident de Columbia, publié le 26 août 2003 (248 pages, 10 Mo, format pdf) disponible sur :
http://anon.nasa-global.speedera.net/anon.nasa-global/CAIB/CAIB_lowres_full.pdf

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